Cadre juridique et avantages du travail indépendant
Pour exercer une activité indépendante au Luxembourg, il n'est pas nécessaire d'acquérir un statut particulier, comme c'est le cas dans certains pays voisins, car il n'existe pas de statut officiel de « travailleur indépendant ». Cela signifie qu'il n'y a pas d'entité juridique distincte et qu'il n'y a pas de distinction entre les biens personnels de l'indépendant et les biens utilisés par l'indépendant à des fins professionnelles.
En n'exigeant pas de statut particulier, ce mode de fonctionnement facilite grandement le démarrage de l'activité en tant que freelance. Toutefois, il faut savoir qu'en fonction de l'activité exercée, il peut être nécessaire d'obtenir certaines autorisations et d'effectuer certaines démarches administratives. En outre, les étrangers qui souhaitent s'établir dans le pays en tant qu'entrepreneurs indépendants doivent également tenir compte du fait qu'avant de pouvoir le faire, ils doivent demander un visa d'indépendant au Luxembourg.
Avant d'entrer dans les détails des procédures et des conditions requises pour travailler de cette manière, examinons quelques-uns des avantages de ce mode de travail au Luxembourg. L'un des principaux avantages réside dans le fait que, contrairement à d'autres pays, les travailleurs indépendants au Luxembourg bénéficient des mêmes avantages que les salariés en termes de couverture sociale. Voyons cela plus en détail :
L'assurance pension des indépendants au Luxembourg.
Les indépendants luxembourgeois bénéficient des mêmes droits que les salariés en matière d'assurance vieillesse. En s'affiliant au régime général de l'assurance pension, le travailleur indépendant bénéficie de :
- Le droit à une pension de vieillesse, qui est versée à partir de 65 ans, à condition d'avoir été assuré pendant au moins 120 mois.
- Le droit à une pension de vieillesse anticipée si les conditions sont remplies.
- Droit à une pension d'invalidité en cas de cessation de l'activité professionnelle pour des raisons de santé avant l'âge normal de la retraite.
Incapacité de travail
En cas d'incapacité de travail, les travailleurs indépendants luxembourgeois ont également droit à une indemnité, mais celle-ci n'est versée qu'à partir du quatrième mois suivant le début de l'incapacité. Pour compenser la perte de revenus due à l'incapacité de travail pendant ces quatre premiers mois, les travailleurs indépendants peuvent s'inscrire à la mutualité patronale.
Congé de maternité et de paternité pour les travailleurs indépendants au Luxembourg
Les travailleurs indépendants ont droit à un congé de maternité et à un congé parental au même titre qu'un salarié.
Assurance chômage
Les travailleurs indépendants qui ont dû cesser leur activité en raison de difficultés économiques ou financières, de raisons médicales, du fait d'un tiers ou d'une force majeure, ont droit à des allocations de chômage, mais certaines conditions doivent être remplies. Pour avoir droit aux allocations de chômage au Luxembourg, le travailleur indépendant doit :
- Être domicilié au Luxembourg au moment de la cessation de son activité.
- Être inscrit comme demandeur d'emploi auprès de l'ADEM.
- Avoir exercé une activité indépendante pendant au moins six mois avant son inscription comme demandeur d'emploi.
- Avoir cotisé à la sécurité sociale luxembourgeoise pendant au moins 2 ans, soit en tant que salarié, soit en tant que travailleur indépendant.
Étapes pour devenir travailleur indépendant au Luxembourg
Nous allons maintenant voir quelles sont les étapes à effectuer par un particulier au Luxembourg pour devenir travailleur indépendant. Notons toutefois que celles-ci varient d'une personne à l'autre en fonction de l'activité à exercer, car toutes les activités n'ont pas les mêmes exigences et ne requièrent pas les mêmes formalités.
Obtenir une autorisation d'établissement si nécessaire
La première étape pour devenir travailleur indépendant au Luxembourg est de déterminer s'il est nécessaire d'obtenir une autorisation d'établissement et, le cas échéant, d'entreprendre les démarches administratives pour l'obtenir.
L'autorisation d'établissement doit être demandée par les personnes qui souhaitent exercer une activité commerciale, artisanale ou certaines professions libérales à prédominance intellectuelle. Les activités commerciales comprennent l'achat et la vente de biens ou de services dans un but lucratif, comme les magasins de détail, le commerce électronique et les agences de voyage. Les activités artisanales impliquent un travail manuel ou technique nécessitant des compétences spécifiques, comme la menuiserie, la plomberie, la boulangerie ou la coiffure. Les activités libérales, quant à elles, sont des professions intellectuelles ou basées sur la connaissance, comme les médecins, les avocats, les architectes ou les consultants.
Il convient également de noter que certaines activités ne suivent pas cette règle et ne nécessitent pas d'autorisation d'établissement :
- Les représentants salariés des agents commerciaux indépendants.
- Les avocats, les médecins, les dentistes, les vétérinaires ou les réviseurs d'entreprises.
- Les personnes qui vendent leurs propres produits, comme les fabricants d'artisanat.
- Les entreprises communautaires qui fournissent des services de manière occasionnelle et temporaire au Luxembourg.
- Les personnes qui exercent des activités journalistiques ou qui publient des livres qui ne sont pas autoédités.
Si vous n'êtes pas sûr qu'une activité nécessite ou non une autorisation d'établissement au Luxembourg, il est préférable de consulter la liste complète des activités nécessitant une autorisation d'établissement disponible sur Guichet.lu.
Pour obtenir une autorisation d'établissement, il est nécessaire d'introduire une demande en ligne via le portail MyGuichet.lu ou d'envoyer une demande par courrier au ministère de l'économie. Pour mener à bien cette procédure, les documents suivants sont nécessaires :
- Formulaire de demande : si la demande est faite en ligne, via le site MyGuichet.lu, le formulaire est rempli directement au moment de la demande, sinon il est nécessaire de télécharger le formulaire complet au format PDF.
- Preuve de paiement : le permis d'établissement a un coût de 50 euros, il est donc nécessaire de joindre la preuve du paiement de cette redevance. Cela peut se faire de trois manières :
En présentant un timbre « Droit de Chancellerie » de 50 euros.
En présentant une copie d'un virement bancaire sur le compte BCEE LU76 0019 5955 4404 7000 du bureau de Diekirch - recette-droits de timbre. La preuve de paiement doit comporter le nom, le prénom et l'adresse du demandeur et porter la mention « autorisation d'établissement ».
En effectuant le paiement en ligne lors de la procédure de demande d'autorisation d'établissement via MyGuichet.lu.
- Casier judiciaire : extrait du casier judiciaire luxembourgeois datant de moins de 6 mois (bulletin n° 3).
- Pièce d'identité : copie recto-verso de la carte d'identité ou du permis de séjour.
- Diplômes et certificats : selon le type d'activité à exercer, des diplômes ou certificats peuvent être exigés ou non :
Activités commerciales ou artisanales de la liste C : aucun document n'est exigé sauf pour les activités dans les secteurs de l'horeca, du transport et de l'immobilier.
Activités artisanales de la liste A ou B et professions libérales : il faut ajouter les copies des diplômes, une attestation d'affiliation au centre de sécurité sociale et un certificat CE suivant la directive 2005/36/CE du 7 septembre 2005, relatif aux activités exercées dans le pays d'origine.
En outre, les personnes qui ne sont pas résidentes luxembourgeoises ou qui le sont depuis moins de 10 ans doivent également ajouter les deux documents suivants :
- Le casier judiciaire : Un extrait du casier judiciaire datant de moins de 6 mois délivré par le ou les États dans lesquels la personne a résidé au cours des 10 dernières années ou à défaut une déclaration sous serment.
- Déclaration de faillite : Une déclaration de moins de 6 mois faite sous serment devant un notaire fournissant des informations sur toute faillite dans laquelle vous avez été impliqué à titre personnel, en tant que syndic ou en tant que personne en mesure d'influencer de manière significative la gestion ou l'administration de la société doit être jointe.
Enregistrement de l'activité
Si l'activité exercée à titre indépendant est une activité commerciale, l'entrepreneur indépendant doit s'inscrire au registre du commerce et des sociétés (RCS). Cette procédure doit être effectuée en ligne à l'aide d'un certificat LuxTrust. Pour mener à bien la procédure, il est nécessaire de disposer des documents suivants :
- Le formulaire de demande généré par le système dûment complété.
- L'autorisation d'établissement.
- L'acte de mariage ou le livret de famille.
- Le contrat de mariage.
- Une pièce d'identité.
S'inscrire à la Sécurité sociale pour les travailleurs indépendants.
Les travailleurs indépendants au Luxembourg doivent s'inscrire auprès du Centre Commun de la Sécurité Sociale (CCSS) et payer des cotisations en fonction de leur situation. Ce service est chargé de la gestion du système de sécurité sociale au Luxembourg, y compris l'assurance maladie, l'assurance pension et les autres prestations sociales.
Pour s'inscrire à la CCSS en tant qu'entrepreneur indépendant, il est nécessaire d'envoyer une déclaration d'activité indépendante à la CCSS. Toutefois, si vous avez dû demander une autorisation d'établissement et que vous l'avez fait via MyGuichet.lu, vous pouvez également vous inscrire auprès de la CCSS sur MyGuichet.lu en utilisant le formulaire pré-rempli qui est automatiquement généré dans l'espace professionnel.
Obtenir un numéro TVA
Cette étape n'est pas toujours obligatoire car les indépendants dont le chiffre d'affaires annuel hors taxes réalisé au cours d'une année civile n'a pas dépassé 35 000 euros bénéficient d'une franchise de TVA. Cependant, déterminer si un numéro de TVA est nécessaire ou non n'est pas si simple car il existe des cas où il sera nécessaire même si le chiffre d'affaires est inférieur à cette limite en fonction des opérations réalisées ou à réaliser par l'entreprise. En outre, bien qu'il ne soit pas nécessaire d'appliquer la TVA dans certains cas, il est conseillé de le faire, par exemple si vous envisagez d'offrir un produit ou un service B2B, il est conseillé d'appliquer la TVA quel que soit le chiffre d'affaires escompté.
Pour s'enregistrer en tant que contributeur fiscal à la TVA, il est nécessaire de déposer une déclaration initiale ou une déclaration d'option auprès de l'Autorité des droits d'enregistrement, des domaines et de la TVA (AED). Cette procédure peut être effectuée en ligne sur MyGuichet.lu.
Considérations financières et fiscales
Pour conclure, nous évoquerons quelques considérations financières et fiscales que les travailleurs indépendants doivent prendre en compte. Nous évoquerons la nécessité d'ouvrir un compte bancaire dédié à l'activité professionnelle, nous passerons en revue la nécessité pour les entrepreneurs indépendants de cotiser au système de sécurité sociale, et nous terminerons en abordant le thème des responsabilités financières et fiscales.
Ouverture d'un compte bancaire professionnel
Lorsqu'elles exercent leur activité en tant qu'entrepreneur indépendant, certaines personnes peuvent être tentées au début d'utiliser leur compte bancaire personnel à des fins professionnelles. Bien que cela soit possible, il est fortement conseillé d'ouvrir un compte bancaire spécifique à l'entreprise ; le fait de maintenir des comptes séparés pour les finances personnelles et professionnelles facilite la comptabilité et la gestion financière et évite toute confusion.
En outre, bien que les entrepreneurs techniquement indépendants au Luxembourg puissent également opérer en utilisant un compte bancaire personnel dédié exclusivement à leur activité professionnelle, opter pour un compte professionnel offre de multiples avantages qui facilitent la gestion de l'entreprise et améliorent son développement.
Contributions au système de sécurité sociale
Comme nous l'avons vu dans la section précédente, les travailleurs indépendants au Luxembourg doivent être affiliés à la sécurité sociale pour leur propre compte, ce qui implique qu'ils doivent également y verser des cotisations. La base de calcul de ces cotisations est le revenu professionnel, qui est constitué par le bénéfice résultant de l'activité commerciale ou artisanale exercée à titre indépendant. Différents taux de cotisation s'appliquent à cette base et varient annuellement. Pour 2024, les taux sont les suivants :
- Soins de santé : 5.60%
- Prestations en espèces en cas de maladie : 0.50%
- Dépendance : 1.40%
- Pension : 16.00%
- Accident : 0.70%
Cela donne un total de 24.20%, ce qui signifie que, par exemple, pour un revenu professionnel de 3 000 euros au cours d'un mois, 726 euros devront être versés à la CCSS pour ce mois. Il s'agit toutefois d'un exemple simplifié à l'extrême, le calcul de l'assiette des cotisations ne se faisant pas mois par mois.
Les cotisations pour l'année à venir sont calculées provisoirement sur la base de la dernière base nette imposable connue ou, dans le cas d'un nouvel assuré, sur la base du salaire social minimum d'un travailleur non qualifié. Chaque année, la CCSS envoie un courrier indiquant les revenus pris en compte pour le calcul des cotisations et invite les assurés à ajuster leur assiette de cotisation si nécessaire. Il est important d'ajuster ces prévisions de revenus pour éviter un ajustement très important des cotisations.
Le revenu exact n'est déterminé qu'une fois que l'Administration des contributions directes (ACD) a émis le bulletin d'imposition pour l'année en question. C'est à ce moment-là que les cotisations sociales correspondantes sont re-calculées pour produire le bulletin d'imposition final. De plus amples informations sur ce point sont disponibles sur le site de la CCSS.
Responsabilités financières et fiscales
En ce qui concerne les responsabilités financières des travailleurs indépendants, il est important de rappeler qu'ils agissent pour leur propre compte et qu'il n'y a pas de personne morale indépendante ; par conséquent, ces personnes doivent répondre indéfiniment de leurs dettes et engagements avec leur patrimoine personnel. En ce qui concerne la fiscalité, l'entrepreneur doit être imposé sur ses revenus en tant que personne physique.