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Les conventions de double imposition du Luxembourg

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Aperçu des conventions de double imposition du Luxembourg

Une convention de double imposition (CDI) est un accord bilatéral conclu entre deux pays afin d'éviter que les mêmes revenus soient imposés deux fois. Cela peut se produire lorsqu'une société perçoit des revenus dans un pays autre que celui de sa résidence fiscale. En l'absence d'un tel accord, les revenus pourraient être imposés à la fois dans le pays où ils sont générés et dans le pays de résidence de la personne qui perçoit les bénéfices, ce qui entraînerait une double imposition.

Pour éviter cette situation, le Luxembourg a signé des conventions de double imposition avec plus de 80 pays dans le monde. Une liste complète des conventions de double imposition conclues au Luxembourg peut être consultée sur le site web de l'administration fiscale luxembourgeoise.

Objectifs des conventions de double imposition du Luxembourg

Outre le fait d'éviter la double imposition, ce type de conventions a de nombreux autres objectifs et avantages. Voici donc une liste des plus importants d'entre eux, qui nous permettra de mieux comprendre la portée et l'importance de ce type de conventions pour le Luxembourg ainsi que pour d'autres pays.

  • Éviter la double imposition : l'objectif principal des conventions de double imposition est d'éviter que les mêmes revenus soient imposés dans les deux pays signataires.
  • Encourager le commerce et les investissements internationaux : les conventions visent à encourager le commerce et les investissements internationaux en offrant un environnement fiscal attrayant et prévisible. Les entreprises et les investisseurs bénéficient ainsi d'un climat plus favorable aux affaires internationales, ce qui contribue à la croissance économique mondiale.
  • Assurer la sécurité juridique et la stabilité pour les investisseurs : les conventions de ce type visent à assurer la clarté et la stabilité des obligations fiscales des particuliers et des entreprises dans les deux juridictions. Ainsi, les investisseurs peuvent mieux planifier leurs finances et leurs opérations internationales en ayant l'assurance de savoir comment ils seront imposés.
  •  Prévenir la fraude et l'évasion fiscale : les conventions de double imposition contiennent des clauses d'échange d'informations entre les autorités fiscales des deux pays, ce qui permet de lutter contre la fraude fiscale et de s'assurer que les particuliers et les entreprises respectent leurs obligations fiscales.
  • Assurer une répartition équitable des droits fiscaux : l'un des objectifs les plus importants est de veiller à ce que les recettes fiscales soient réparties équitablement entre les pays signataires, sur la base du principe selon lequel les profits doivent être imposés là où ils sont générés.
  • Amélioration de la coopération administrative entre les pays signataires : un autre objectif important est de faciliter l'échange d'informations entre les autorités fiscales des pays signataires. Cela permet de mieux lutter contre la fraude fiscale et de s'assurer que les particuliers et les entreprises respectent leurs obligations fiscales.
  • Assurer une imposition équitable des travailleurs transfrontaliers : les conventions de double imposition visent également à protéger les personnes qui travaillent dans un pays autre que le leur en évitant qu'elles ne soient imposées de manière disproportionnée. Ce scénario est extrêmement courant au Luxembourg : en 2023, le pays comptait 227,955 travailleurs frontaliers, soit 47 % de la main-d'œuvre du pays.
  • Introduire des mécanismes de règlement des conflits : les conventions prévoient généralement des mécanismes de règlement des conflits auxquels les particuliers ou les entreprises confrontés à des problèmes de double imposition peuvent avoir recours.
  • S'aligner sur les recommandations de l'OCDE et le plan BEPS : enfin, un autre objectif majeur des conventions de double imposition est de se conformer aux recommandations internationales établies par l'OCDE et au Plan d'action contre l'érosion de la base d'imposition et le transfert de bénéfices (BEPS). Dans de nombreux cas, les conventions existantes sont mises à jour et ajustées pour intégrer ces recommandations avec des mesures qui empêchent l'érosion fiscale et garantissent que les entreprises multinationales paient des impôts là où elles génèrent de la valeur.

Mécanismes des conventions de double imposition

Les conventions de double imposition utilisent principalement deux méthodes pour éviter la double imposition des revenus ou des bénéfices qu'une personne ou une entité génère dans un pays tout en résidant dans un autre : la méthode de l'exemption et la méthode du crédit d'impôt. Dans certains cas, cependant, les deux méthodes sont utilisées en combinaison. Examinons ces mécanismes plus précisément.

L'exonération

Cette méthode permet au pays de résidence d'exonérer de l'impôt les revenus qui ont déjà été imposés dans le pays où ils ont été générés. Cette méthode comporte deux variantes :

  • L'exonération complète : Les revenus gagnés à l'étranger sont totalement exonérés d'impôt dans le pays de résidence.
  • L'exonération partielle : Les revenus étrangers exonérés ne sont pas soumis à l'impôt dans le pays de résidence mais sont pris en compte dans le calcul du taux d'imposition à appliquer aux autres revenus imposables du contribuable. Ainsi, les revenus exonérés peuvent avoir une incidence sur le taux d'imposition appliqué au reste des revenus, mais ne sont pas imposés directement.

Crédits d'impôt

La méthode du crédit d'impôt implique que le pays de résidence n'exonère pas les revenus gagnés à l'étranger mais permet à la personne ou à la société en question de déduire, par le biais de crédits d'impôt, les impôts déjà payés à l'étranger du montant total des impôts dus dans leur pays de résidence.

Méthodes combinées

Les conventions préventives de la double imposition peuvent parfois utiliser une combinaison des deux méthodes en fonction du type de revenu. Par exemple, certains revenus, tels que les revenus du travail salarié, peuvent être soumis à la méthode de l'exemption, tandis que d'autres revenus, tels que les intérêts ou les dividendes, peuvent être soumis à la méthode du crédit d'impôt. Cette approche permet de s'adapter aux particularités des revenus et des politiques fiscales des deux pays.

Impôts couverts par les conventions

Les conventions de double imposition conclues par le Luxembourg, comme la plupart des conventions de double imposition conclues par d'autres pays, couvrent généralement une grande variété d'impôts que l'on peut classer en deux grands groupes : les impôts sur le revenu et les impôts sur la fortune.

Impôts sur le revenu

Ce groupe couvre les impôts sur le revenu des personnes physiques et morales et comprend une grande variété de revenus :

  • Salaires et traitements : les traités précisent comment sont imposés les revenus tirés du travail, tels que les salaires et les rémunérations. En général, ces revenus sont imposés dans le pays où le travail est effectué, bien qu'il existe des exceptions pour éviter la double imposition lorsque les travailleurs se déplacent temporairement entre les pays signataires.
  • Dividendes : les conventions régissent le mode d'imposition des dividendes versés entre pays en réduisant les taux de retenue à la source ou en prévoyant des exonérations pour éviter la double imposition.
  • Intérêts : bien que les intérêts soient un type de revenu couvert par l'impôt sur le revenu, les conventions prévoient souvent des dispositions spécifiques pour ces paiements en raison de leur importance dans les transactions financières internationales. Des taux de retenue à la source réduits ou des exonérations sont généralement établis pour faciliter les flux de capitaux entre les pays.
  • Redevances : Les traités réglementent également les paiements pour l'utilisation de la propriété intellectuelle, comme les brevets et les droits d'auteur.
  • Gains en capital : les dispositions relatives aux gains en capital déterminent comment et où les gains provenant de la vente ou du transfert d'actifs tels que les biens immobiliers ou les actions doivent être imposés.

Impôts sur le patrimoine.

Certaines conventions couvrent également les impôts sur la fortune, en établissant des règles pour éviter qu'une personne ou une entité ne soit imposée sur l'ensemble de sa fortune dans plus d'un pays.

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Aperçu de quelques conventions de double imposition au Luxembourg

Pour conclure notre présentation des conventions de double imposition, nous allons examiner quelques-unes des principales conventions signées par le Luxembourg.

Convention de double imposition entre le Luxembourg et la France

La convention de double imposition entre la France et le Luxembourg existe depuis de nombreuses années, cependant, elle a reçu de nombreuses modifications au fil du temps, la version en vigueur a été signée le 20 mars 2018. Il est cependant important de mentionner que le 10 octobre 2019, les deux pays ont signé un avenant à la convention mais l'application de cet accord a été suspendue pour 2020, 2021, 2022 et 2023 et il est prévu qu'en 2024 (qui est déclarable en 2025) cette convention soit déjà appliquée.

Cette nouvelle convention de double imposition présente, selon l'avis de beaucoup, des inconvénients notables pour les travailleurs frontaliers français. C'est la raison pour laquelle son application a été retardée. Avec cette nouvelle convention, la France ne tiendra plus compte des impôts payés au Luxembourg pour le calcul du taux d'imposition, ce qui aura pour effet d'augmenter considérablement le taux d'imposition en raison d'un revenu non perçu. Cela concerne ceux qui, en plus du salaire luxembourgeois, ont des revenus de source française ou ceux qui ont un partenaire en France et font une imposition commune.

La double imposition entre le Luxembourg et le Royaume-Uni

Depuis 1967, il existe une convention de double imposition entre le Royaume-Uni et le Luxembourg, mais en juin 2022, une nouvelle convention a été signée et est entrée en vigueur le 22 novembre 2023. Cette nouvelle convention introduit des changements significatifs afin de mieux répondre aux complexités fiscales modernes. L'une des principales mises à jour est la nouvelle clause sur les sociétés riches en biens immobiliers, qui permet l'imposition des bénéfices provenant de la vente d'actions de ces sociétés dans le pays où se trouve le bien immobilier. En outre, la retenue à la source sur les redevances est supprimée (réduction à 0 %), ce qui est conforme à la législation luxembourgeoise. La retenue à la source sur les dividendes est également réduite, restant à 0 % pour la majorité, sauf dans certains cas spécifiques tels que les dividendes des sociétés de placement immobilier.

La convention redéfinit également la manière de résoudre les cas de double résidence des sociétés, en remplaçant le critère de la « direction effective » par un accord mutuel, et met à jour la définition de l'établissement stable, en augmentant la durée minimale pour les projets de construction de 6 à 12 mois. Elle comprend également des règles beaucoup plus simples, alignées sur les principes de l'OCDE en matière de prix de transfert pour les bénéfices des entreprises, et formalise le critère de l'objet principal (PPT) afin d'éviter les abus fiscaux. Enfin, de nouvelles règles d'arbitrage et de nouveaux mécanismes de collaboration transfrontalière en matière de recouvrement de l'impôt sont introduits.

CDI entre le Luxembourg et l'Allemagne

Elle a été signée pour la première fois le 23 août 1958 et a été remplacée par une version plus récente le 23 avril 2012. La convention couvre différents domaines de la fiscalité, tels que les retenues à la source, les dividendes, les intérêts, les redevances, les revenus immobiliers, les revenus du travail, les bénéfices des entreprises et les revenus des professions indépendantes, entre autres.

L'une des principales particularités de cette nouvelle convention est qu'elle adhère au modèle internationalement reconnu de l'OCDE. Parmi les points clés de cette convention figurent l'inclusion de changements dans les taux de retenue à la source pour les dividendes et les redevances et l'introduction d'une clause pour les sociétés riches en biens immobiliers qui impose les plus-values sur les actions provenant de biens immobiliers situés dans un État contractant.

En outre, la nouvelle convention prévoit une procédure amiable et une procédure d'arbitrage pour éviter la double imposition et la double non-imposition. Les sociétés luxembourgeoises exerçant des activités « actives » au sens des règles allemandes sur les CFC sont exonérées de l'impôt allemand sur les dividendes et dans tous les autres cas. En outre, en vertu de cette nouvelle convention, les taux de retenue à la source sur les dividendes sont ramenés à 5 % pour les participations de 10 % ou plus, tandis que les taux de retenue à la source sur les intérêts et les redevances restent inchangés.

CDI entre le Luxembourg et la Belgique

La convention de double imposition entre le Luxembourg et la Belgique a été initialement signée en 1970, mais elle a subi plusieurs modifications depuis lors. La version la plus récente de la convention a été signée le 17 septembre 2014 et est entrée en vigueur le 1er janvier 2015. Cette convention actualisée intègre des dispositions modernes visant à éviter la double imposition et à prévenir l'évasion fiscale, en s'alignant sur les recommandations de l'OCDE et les mesures du plan BEPS.

CDI entre le Luxembourg et les États-Unis

L'accord visant à éviter la double imposition entre le Luxembourg et les États-Unis a été signé le 3 avril 1996 et est entré en vigueur le 1er janvier 2021. Cette convention vise à éliminer la double imposition sur le revenu et à prévenir l'évasion fiscale entre les deux pays.

La dernière modification significative de cet accord a été apportée par un protocole signé le 20 mai 2009. Les principales modifications introduites visent à mettre en œuvre les dispositions du modèle de convention de l'OCDE sur la coopération fiscale internationale.

L'une des principales caractéristiques de ce protocole est qu'il prévoit l'échange d'informations sur demande dans des cas individuels entre les administrations fiscales des deux pays pour les exercices fiscaux 2009 et suivants. Toutefois, l'accord ne prévoit pas d'échange automatique d'informations bancaires et n'autorise pas les demandes générales (« fishing expeditions »).

FAQ

Comment les conventions préventives de la double imposition empêchent-elles la double imposition ?

Les conventions préventives de la double imposition précisent comment les revenus, tels que les salaires, les dividendes, les intérêts et les redevances, doivent être imposés entre les deux pays. Elles répartissent les droits d'imposition, en accordant souvent le premier droit d'imposition au pays où le revenu est généré, tandis que l'autre pays exonère le revenu ou accorde un crédit d'impôt pour l'impôt payé à l'étranger. Ces mécanismes garantissent que les revenus ne sont pas imposés deux fois, ce qui favorise l'équité et l'activité économique transfrontalière.

Les conventions de double imposition contiennent-elles des dispositions anti-abus ?

Les conventions de double imposition conclues par le Luxembourg contiennent souvent des dispositions anti-abus destinées à empêcher l'évasion fiscale et le chalandage fiscal. Il s'agit notamment du critère de l'objet principal (Principal Purpose Test - PPT), qui refuse les avantages de la convention si l'obtention d'un avantage fiscal est l'objet principal d'une transaction. D'autres dispositions, comme la clause de limitation des avantages (LOB), restreignent les avantages aux entités ayant une activité économique réelle.

Comment le Luxembourg traite-t-il les litiges ou les désaccords liés aux conventions de double imposition ?

Le Luxembourg traite les différends liés aux conventions de double imposition par le biais de procédures amiables (PA). Dans le cadre de la procédure amiable, les autorités fiscales des deux pays concernés collaborent pour résoudre des problèmes tels que la double imposition ou des interprétations divergentes de la convention. Cette approche coopérative garantit que les litiges sont réglés à l'amiable, offrant ainsi aux contribuables un mécanisme permettant de remédier à des situations fiscales injustes.