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Liquidation volontaire d'une société au Luxembourg

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Les opérations de liquidation étape par étape

Le processus de liquidation d'une société au Luxembourg est relativement simple à comprendre, mais la complexité de l'exécution de cette procédure est très variable. Cela dépend généralement de la taille de la société ainsi que de ses multiples interactions et engagements avec d'autres parties prenantes. La procédure à mener comprend cinq étapes que nous verrons ci-dessous en détail :

Étape 1 : Établir une base de liquidation

La première étape pour procéder à la liquidation, avant même de prendre la décision de liquider ou non l'entreprise, est d'établir des états financiers sur une base de liquidation qui permettront de prendre une décision saine et éclairée.

Un état financier sur base de liquidation est un rapport financier préparé dans l'hypothèse où l'entreprise cessera ses activités et procédera à la liquidation de ses actifs. Ce type d'état reflète de manière réaliste la capacité de l'entreprise à faire face à ses obligations et à distribuer les bénéfices résiduels aux actionnaires dans un contexte de clôture et comprend généralement les éléments suivants :

  • Inventaire complet des actifs de l'entreprise.
  • Évaluation des actifs ajustée à la valeur de liquidation possible (généralement plus prudente que la valeur comptable à la juste valeur).
  • Identification et quantification des dettes et des engagements en cours.
  • Estimation des coûts liés à la liquidation (honoraires du liquidateur, frais juridiques, fiscaux, etc.)
  • Évaluation du solde estimé, le cas échéant, à distribuer aux actionnaires après l'exécution des obligations.

Cette situation comptable servira de base d'information aux associés ou actionnaires et au liquidateur pour évaluer l'opportunité et la possibilité de procéder à une liquidation.

Étape 2 : Convocation d'une assemblée générale extraordinaire pour décider sur la liquidation

L'étape suivante, une fois que l'on dispose d'une base comptable pour la liquidation sur laquelle prendre des décisions, est la convocation par les gérants ou les membres du conseil d'administration d'une assemblée générale extraordinaire pour décider s'il y a lieu ou non de procéder à la liquidation de la société. Cette assemblée générale doit se tenir devant un notaire.

Pour qu'une décision sur la liquidation de la société soit valable, il faut qu'un montant minimum du capital de la société soit représenté et qu'un nombre minimum de voix soit atteint, ces deux valeurs dépendant de la structure de la société. Les valeurs minimales standard sont les suivantes, mais les statuts peuvent fixer des conditions plus restrictives.

  • Pour les SA et SCA : au moins la moitié du capital social et les 2/3 des voix doivent être représentés.
  • Pour les SARL, les SENC et les SCS : lors de la liquidation d'une SARL luxembourgeoise, d'une SENC ou d'une SCS, la moitié des actionnaires représentant les 3/4 du capital social doit approuver la décision.

Si la liquidation de la société est approuvée, l'assemblée générale doit nommer un ou plusieurs liquidateurs et déterminer le mode de liquidation. Bien que les administrateurs actuels de la société soient souvent choisis, un tiers qualifié, tel qu'un avocat, un comptable ou une société spécialisée dans les liquidations, peut également être désigné.

La décision de nommer un liquidateur externe dépend de multiples facteurs liés à la situation de l'entreprise, tels que la complexité de la procédure de liquidation et la confiance dans les capacités des administrateurs en place.

Il est commun de nommer les administrateurs en place comme liquidateurs lorsque la société a une structure simple et peu d'actifs ou de dettes, que les actionnaires ont pleinement confiance en leur capacité à gérer le processus, qu'il n'y a pas de conflits internes ou externes importants et que les coûts associés à un liquidateur externe ne sont pas justifiés par rapport à l'ampleur de la liquidation. En revanche, il est commun et conseillé de nommer des liquidateurs externes dans les cas suivants :

  • La liquidation donne lieu à des conflits entre les actionnaires et un tiers neutre est nécessaire pour servir de médiateur et prendre des décisions.
  • La société possède des actifs importants ou des relations contractuelles complexes qui nécessitent une expertise spécialisée.
  • La transparence ou la compétence des administrateurs actuels pour gérer la liquidation suscite des inquiétudes.
  • Les créanciers importants demandent une surveillance supplémentaire pour garantir le respect des obligations.

Étape 3 - Procéder aux opérations nécessaires à la liquidation

Une fois le liquidateur nommé, qu'il s'agisse du dirigeant de l'entreprise ou d'une personne extérieure, il doit commencer le processus de liquidation. Ce processus comprend, schématiquement, quatre étapes principales :

  • Déclaration de cessation d'activité auprès de tous les organismes officiels. L'une des premières actions à effectuer par le liquidateur est de déclarer la cessation de l'activité auprès des différents organismes officiels afin d'annuler les différentes autorisations ou enregistrements existants. Voici une liste des principales entités qui doivent être notifiées: Registre du commerce et des sociétés (RCS) : le RCS doit être informé pour que la liquidation soit opposable aux tiers. Administration fiscale luxembourgeoise : le liquidateur doit informer l'administration fiscale de la dissolution de la société et gérer l'exécution des obligations fiscales en suspens, y compris le dépôt des déclarations et le paiement des impôts dus. Administration des droits d'enregistrement, des successions et de la TVA (AED) : il est nécessaire d'informer cette entité pour toutes les questions relatives à la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et aux autres droits d'enregistrement. Centre de sécurité sociale (CCSS) : si l'entreprise a des employés, le liquidateur doit informer le CCSS et gérer les cotisations sociales en suspens. Inspection du travail et des mines (ITM) : la fermeture d'une entreprise implique de se conformer à des exigences légales strictes en matière de résiliation des contrats de travail. Il est essentiel d'en informer l'IMT, qui doit superviser ces processus afin de garantir le respect des règles en matière de préavis, d'indemnités de licenciement et d'autres droits des salariés. Commission de surveillance du secteur financier (CSSF) : si la société opère dans le secteur financier ou est soumise à une réglementation financière, le liquidateur doit notifier sa dissolution à la CSSF. Municipalité locale : il est conseillé d'informer la municipalité concernée de la cessation des activités, en particulier si l'entreprise détient des licences ou des permis municipaux. Direction générale des PME, de l'artisanat et du commerce : ce service du ministère de l'économie est responsable de la gestion des autorisations d'établissement. Le liquidateur doit informer cette direction de la dissolution de la société et de la cessation d'activité afin que les registres soient mis à jour et que l'autorisation correspondante soit annulée.
  • Recouvrement et réalisation des actifs. L'étape suivante consiste à recouvrer les sommes dues à la société et à vendre les actifs appartenant à la société afin de pouvoir ensuite payer toutes les dettes de la société et distribuer les bénéfices restants entre les actionnaires. Toutefois, il convient de noter qu'il n'est pas nécessaire de vendre tous les actifs, s'il est possible de payer toutes les dettes sans vendre tous les actifs, les actifs restants peuvent être répartis entre les actionnaires ou les associés au prorata de leurs droits dans le capital de la société. Il est également important de noter que le liquidateur peut agir contre les associés pour exiger le paiement des sommes qu'ils se sont engagés à verser à la société ou qu'il estime nécessaires à la liquidation de la société. Par exemple, lors de la constitution de sociétés, les associés peuvent être limités à verser jusqu'à 1/4 du capital social souscrit. Le liquidateur peut agir contre les associés pour exiger le paiement des apports souscrits et pour obtenir le paiement des trois quarts restants non encore libérés au jour de la liquidation de la société.
  • Répartition des actifs. Outre le recouvrement des actifs, le liquidateur doit également répartir ces mêmes actifs entre les différents créanciers. Les actifs doivent être répartis proportionnellement au montant de chaque dette et doivent assurer l'égalité entre les créanciers, bien que le liquidateur doive respecter le caractère préférentiel de certains créanciers. Avant toute distribution aux autres créanciers, les dettes suivantes doivent être payées dans l'ordre établi : Frais de justice. Salaires et indemnités dus par la société. Dettes envers les administrations publiques. Dettes avec garantie hypothécaire. Toutes autres créances garanties. Si les actifs sont insuffisants pour faire face à toutes les dettes, le liquidateur doit déposer le bilan au nom de l'entreprise. À l'inverse, si après le paiement ou la consignation de toutes les sommes dues aux créanciers, il reste des actifs, le liquidateur peut les distribuer aux actionnaires.
  • Préparation du rapport de liquidation. Une fois la liquidation terminée et avant de procéder à la clôture, le liquidateur doit établir les comptes de liquidation et faire un rapport de liquidation. Toutefois, si la liquidation dure plus d'un an, le liquidateur doit établir chaque année un rapport annuel indiquant les raisons qui ont empêché la clôture de la liquidation, présenter les résultats de la liquidation à l'assemblée générale et, dans le cas d'une société anonyme, faire publier les comptes annuels.
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Étape 4 - Convoquer une deuxième assemblée générale pour approuver le rapport de liquidation

Une fois que le liquidateur a terminé la préparation du rapport final de liquidation, une deuxième assemblée générale doit être convoquée pour approuver les comptes et le rapport de liquidation.

Lors de cette assemblée, les actionnaires ou associés doivent prendre connaissance du rapport de liquidation et désigner un ou plusieurs commissaires chargés de vérifier l'exactitude du rapport de liquidation et des comptes préparés par le liquidateur. En outre, les grandes sociétés anonymes et les sociétés à responsabilité limitée comptant plus de 25 actionnaires doivent faire appel à un commissaire aux comptes. Son rôle est d'examiner si les comptes de liquidation et le rapport du liquidateur sont conformes aux documents de la société et aux mesures prises par le liquidateur.

Enfin, la date d'une troisième et dernière assemblée générale doit être fixée, afin d'examiner le rapport du commissaire aux comptes et de prononcer la clôture de la liquidation.

Étape 5 - Convocation d'une dernière assemblée générale et clôture de la procédure de liquidation

Lors de la dernière assemblée générale, qui ne doit pas nécessairement se tenir devant un notaire, les actionnaires ou associés doivent approuver les comptes de liquidation et les comptes du commissaire aux comptes, approuver la gestion du liquidateur, décider du lieu de conservation des livres et documents de la société, qui doivent être conservés pendant 5 ans, et décider de la répartition du boni de liquidation.

Ensuite, le liquidateur peut publier la clôture de la liquidation au registre du commerce et procéder, si la situation le permet, au remboursement du capital et au paiement du boni de liquidation.

FAQ

En quoi la liquidation volontaire diffère-t-elle des autres types de liquidation au Luxembourg ?

La liquidation volontaire est initiée par les actionnaires de la société lorsqu'ils décident de cesser ses activités, généralement pour des raisons stratégiques ou financières, et implique un processus structuré de règlement des dettes et de distribution des actifs restants. En revanche, d'autres types de liquidation, comme la liquidation judiciaire, sont généralement initiés par un tribunal lorsque l'entreprise est insolvable et incapable de faire face à ses obligations financières. La liquidation volontaire permet aux actionnaires de mieux contrôler le processus, tandis que la liquidation judiciaire est supervisée par un administrateur nommé par le tribunal.

Quand est-il nécessaire de nommer un liquidateur externe ?

Un liquidateur externe est nécessaire lorsqu'il y a un besoin d'impartialité ou d'expertise spécialisée. C'est souvent le cas lorsque l'entreprise a des actifs complexes, des dettes importantes ou des litiges entre actionnaires. Un liquidateur externe peut également être requis si les créanciers ou les parties prenantes exigent qu'une partie neutre supervise le processus. Par ailleurs, dans les cas simples où la direction est digne de confiance, des parties internes peuvent être désignées.

Qu'est-ce qu'un état comptable de liquidation et pourquoi est-il important ?

Un état comptable de liquidation est un rapport financier préparé dans l'hypothèse où l'entreprise cessera ses activités. Il ajuste l'évaluation des actifs à leur valeur de liquidation attendue et donne une image claire de la capacité de l'entreprise à régler ses dettes. Cette déclaration est essentielle pour déterminer si la liquidation est réalisable et garantir la transparence pour les parties prenantes.

Que se passe-t-il si les dettes de l'entreprise dépassent ses actifs pendant la liquidation volontaire ?

Si les dettes de l'entreprise dépassent ses actifs, la liquidation se transforme en procédure d'insolvabilité. Le liquidateur doit en informer le tribunal, qui peut ouvrir une liquidation judiciaire. Dans ce cas, les créanciers peuvent recevoir des paiements partiels en fonction des fonds disponibles, et les actionnaires ne reçoivent généralement rien.